Compte-rendu du festival "Arts
& Langues" du point de vue d'un organisateur
Du 29 juillet au 5 août 2001, eut lieu
à Strasbourg le 57ème Congrès International
des Jeunes espérantophones, à la fin duquel était
programmé un festival de langues et d'arts de rues ouvert
à tous, aussi bien aux participants du congrès d'espéranto
qu'aux habitants de Strasbourg et ses environs... Ce projet
de festival était déjà amorcé depuis
plus d'un an et demi, mais cela faisait quelques semaines que
ses principaux organisateurs s'activaient plus profondément
sur place. Si bien que début août,
on pouvait dire que tout habitant de Strasbourg avait eu l'occasion
d'entendre parler du festival "Arts & Langues"
(organisé par une certaine association "Espéranto-Jeunes"
avec le soutien de la ville de Strasbourg et du Conseil Général).
Et cette bonne diffusion de l'information, nous la devons notamment
à notre affichage qui nous a valu de nombreux compliments
(beaucoup de gens nous ont dit que nos belles affiches quadricolores
jaune-bleu-rouge-vert étaient bien présentes et
bien visibles en ville), mais a aussi failli nous valoir quelques
peurs (bien que nous ayons essayé d'éviter au maximum
l'affichage sauvage et de tout faire dans les règles,
certaines de nos affiches se sont retrouvés à
des emplacements normalement interdits par la ville...). Mais
cet affichage nous demanda pour cela du travail : en ce qui me concerne,
trois jours complets de marche à pieds seul à travers
Strasbourg pour aller proposer l'affiche à tous les commerçants
; puis, à partir du début du congrès, une
petite équipe qui passa plusieurs nuits à sillonner
la ville pour accrocher des affiches à tous les feux
rouges et tous les arbres en bord de route. Il convient d'ailleurs
ici de remercier Bryan, un jeune américain en vadrouille
en Europe, qui s'est pas mal chargé de préparer ces
afficher à accrocher et de gérer les équipes
de nuits, ainsi que Kim, chanteur danois du groupe de rock Espéranto-Desperado
qui dans la vie est afficheur professionnel et qui, bien qu'il
soit en vacances, a accepté de nous donner un précieux
coup de main. Mais bon, une fois le public
informé, il fallait qu'il y ait un festival derrière.
Et là non plus, ce ne furent pas les difficultés qui
manquèrent. Tout d'abord, un mois auparavant, alors que
notre programme définitif venait de se mettre en place
et que notre budget prévisionnel commençaient à
devenir envisageable, nous avons eu une soudaine vague d'annulations
massives de la part des artistes qui ne pouvaient plus venir, m'obligeant
à refaire chaque jour le programme (avec la peur de se
retrouver sans rien au bout, le jour du festival). Je vous passe
la série des divers autres petits tracas et imprévus
de dernières minutes, habituels à toutes les organisations
de telles manifestations (surtout lorsqu'il s'agit d'une première
édition !). Notre seconde frayeur
fut le temps, d'autant que l'évènement récent
du platane au Parc de Pourtalès pouvait nous faire craindre
une interdiction de dernière minute de la part de la
mairie. Le festival avait lieu les 3 et 4 août 2001. Toute
la semaine du congrès, du 29 juillet au 3 août,
ainsi que les 2 semaines précédentes, nous avions
eu à Strasbourg un temps plus qu'ensoleillé, d'une
chaleur incroyable (qui suivait un début juillet d'un
temps maussade). Et le vendredi 3 août au matin, quand je
me rends à 6h30 avec quelques autres volontaires au Parc
de la Citadelle pour aider à monter le camion-scène
et les tentes, que ne se met-il pas à pleuvoir ! Oh,
pas méchant, mais toute la matinée fut couverte d'un
ciel gris entrecoupé de petites pluies passagères...
Au cours de l'après-midi, guère
d'améliorations ; mais comme Pol Denis et moi devions
aller faire des spectacles de rue au centre-ville (lui en clown
et moi en Arlequin), et comme la pluie semblait s'être calmée
depuis une heure ou deux, nous partions sur les coups de 16h~17h,
déjà déguisés dans la voiture afin
de pouvoir commencer à jouer au plus tôt (imaginez
la tête des piétons qui croisaient un clown et
un arlequin au volant d'une voiture signée "Espéranto"
;-). Mais ne voilà-t-il pas que, arrivés au centre-ville,
il se remet à pleuvoir : ce qui nous oblige à attendre
dans la voiture car nos costumes, masques et maquillages ne
peuvent endurer l'épreuve de la pluie, malgré
l'achat que je fis sur place d'un parapluie. Après plus
d'une demi-heure d'attente avec une pluie qui ne s'arrête
pas, nous décidons de revenir au Parc de la Citadelle
(qui est un petit peu excentré du centre-ville) où
il y aura déjà un peu de public et quelques endroits
couverts pour jouer. Revenu sur place un
peu avant 18h, heure à laquelle devait commencer le premier
concert, je constate qu'il y a quelques petits problèmes
: le groupe "Kore" est seulement maintenant en train
de faire sa "balance" son, et notre technicien du
son Jean-Christian Hackenschmidt (qui mérite lui aussi de
nombreux remerciements, pour nous avoir soutenu et aidé tout
au long de notre ambitieux projet) décide que les 4 autres
groupes n'y auront pas le droit si l'on ne veut pas faire commencer
le premier concert à 22h au lieu de 18h (ce retard était
dû au fait que la ville nous a fournit l'électricité
seulement dans l'après-midi alors qu'il nous l'aurait fallu
dès le matin !). Donc, vers 18h30,
le premier concert commence avec Christophe Voltz et son groupe
Mischung, groupe local non-espérantophones qui chante en
français et en alsacien. Et avec ce premier groupe, surprise,
arrive un soleil inattendu que nous n'avions point vu de la
journée ! Une fois ce premier concert entamé,
tout le reste de la soirée s'est déroulé sans
problème. Suite au concert de Mischung, Philippe Rieunau
et moi (les 2 organisateurs principaux du festival) avons prononcé
un petit mot d'accueil bilingue français-espéranto
en guise d'ouverture de la soirée et du festival. Puis se
sont succédé le groupe de rock alternatif polonais
Krio de Morto qui chantent en espéranto et en polonais,
costumés et masqués dans une prestation qui tient
presque autant de la performance que du concert. Après,
ce fut le tour d'un autre groupe de rock local, Swan Dive, qui eux
chantent principalement en anglais. Ensuite, on eut droit au
concert du groupe nantais Kore, dont la production de rock en
espéranto commence à être connue des milieux
espérantophones. Et enfin, pour ce vendredi soir, en dernier
mais pas des moindre, le maintenant fameux Solotronik, dont la musique
électronique en espéranto, en arabe, en anglais, en
espagnol, ainsi qu'en Klingon et en Vulcain (les 2 langues de
la série culte Star Trek) a dépassé les
milieux espérantophones dans son pays, lui valant des articles
dans des grands quotidiens nationaux comme "El Mundo"
ou "Diaro 16". Après cette
soirée endiablée, ce fut l'heure de plier le matériel
sonore puis d'aller se coucher à l'auberge de jeunesse avant
un lendemain qui n'allait pas être moins mouvementé...
En effet, comme je viens de l'annoncer,
le lendemain eut également droit à son quota de
petits imprévus. Pourtant, la journée avait bien commencée
: après un réveil à 8 ou 9 h, avec un ciel
semblant plutôt de bon augure, je me préparais
à partir pour une nouvelle tentative de spectacle au
centre-ville avec Pol Denis, où nous étions programmé
à partir de 10h. Le ciel était tel que j'ai même
hésité un instant à emporter avec moi mon
parapluie acheté la veille. A 10 heures
également, au Parc de la Citadelle, d'autres spectacles
étaient programmés. Avant de partir de l'auberge,
je prenais bien le soin de rappeler aux responsables de ces
spectacles de se rendre au Parc de la Citadelle pour les heures
indiquées sur le programme. Mais, premier imprévu,
à 10h moins cinq environ, on m'annonce que je dois accompagner
la responsable de l'atelier calligraphie au magasin, car elle
n'avait pas encore eu le temps d'acheter le matériel
dont elle avait besoin. Nous partons donc
pour les courses, vers un supermarché très loin de
Strasbourg, avec beaucoup de monde aux caisses... Et quand nous
ressortons du magasin vers 11h déjà, il pleut
battant dehors. On m'appelle à plusieurs reprises depuis
le lieu du festival, pour me dire qu'il n'y a que 3 spectateurs
sous un parapluie, qu'il n'y a aucun responsable du festival sur
place et que les techniciens du son ne savent pas s'ils doivent
ou pas annuler les représentations à cause de
la pluie torrentielle. Malheureusement, nous ne pouvons pas
rentrer de toute urgence, car nous n'avions pas tout trouvé
au magasin et il nous restait plusieurs choses à acheter
au centre-ville (N.B : centre-ville = mauvais plan de circulation
pour les voitures + bouchons en série).
Finalement, nous n'arrivons au Parc qu'à 13 heures (!), où
je retrouve là un Parc désert, avec de grandes
flaques d'eau rendant l'accès inaccessible aux tentes
des cours de langues. Seul signe de vie : quelques jongleurs
et jongleuses avaient investi la scène qui n'était
plus utilisée. Rapidement, je vais voir les 2 techniciens
du son : nous faisons le bilan de la matinée et rechangeons
à la dernière minute tout le programme du samedi
après-midi (chaque groupe devait passer 2 fois ce jour-là
: ils ne passeront qu'une fois et les spectacles auront lieu
de 15h à 19h). Le temps s'était
légèrement amélioré (ciel grisâtre,
mais il ne pleuvait plus) et il se maintiendra ainsi jusqu'à
la fin de la journée. Ce samedi, le festival s'était
arrêté le matin (à cause de la pluie), peu de
temps après avoir commencé. La "machine"
ne commencera à se remettre en branle qu'à partir
de 14 heures, avec le festival de langues qui embrayera le pas à
toutes les autres festivités de l'après-midi.
Au sujet du festival de langues, il convient
de préciser deux ou trois choses : l'organisation de
toute cette partie linguistique du festival ne fut entamée
réellement que quelques jours avant le festival (c'est-à-dire
que tous les "professeurs de langues" et les traducteurs
espéranto-français ont été trouvé
sur place parmi les participants du congrès). Et malgré
ces brefs délais, cette organisation fut menée
avec brio par Frederik (de Danemark), Sonia (de Serbie) et Danil
(de la République des Tchouvaches) qui méritent
de grandes félicitations. En un seul après-midi, ils
parvinrent à proposer près de 30 langues différentes
et des 4 coins du monde. La plupart du temps, un locuteur natif
de la langue enseignait les rudiments de la langue et présentait
la culture qui y était rattachée, puis un interprète
espéranto>français traduisait pour les spectateurs
non-espérantophones. Ce furent donc
eux qui remirent en route la machine, et cette partie "langues"
eut apparemment un franc succès auprès du public :
je n'eus pas le temps moi-même d'assister à un
de ces cours de langues (bien que je l'aurais très ardemment
souhaité), mais chaque fois que je passais à côté
d'une des tentes, j'entendais souvent les spectateurs-élèves
applaudir le professeur à la fin du cours !
Pour ma part, ce samedi, je dus me résigner définitivement
à accomplir ma prestation d'Arlequin, tant il y avait
de tâches d'organisation et de relations avec les techniciens
et les artistes (à causes des imprévus météorologique
de la matinée qui avaient tout chamboulé). Donc, après
que le festival de langues ait relancé le processus et
que les spectateurs aient commencé à arriver (le
gros des participants du congrès devaient arriver, eux,
sur les coups de 14heures), tout se passa à peu près
comme nous l'avions désiré.
Les spectacles commencèrent avec le couple australien Penny
et Jon de "Velado" qui nous interprétèrent
sur scène quelques chansons calmes en anglais et en espéranto.
Au même moment, Hans-Peter Bartos nous présentait
en un autre endroit du Parc des danses internationales qu'il avait
préparé avec quelques autres participants du congrès.
Sur la scène, le groupe serbe "A Priori" vint
prendre le relais à "Velado" avec cette fois-ci
de la "world music". Pendant que "A Priori"
occupait la scène, on pouvait voir en divers autres endroits
du Parc plusieurs spectacles se produirent en même temps :
d'un côté, des chants et danses traditionnelles serbes
du groupe folklorique "KUD Mladost", d'un autre, le
spectacle hilarant de danse du danois Kim J. Henriksen (que
l'on retrouve plutôt d'habitude sur scène en tant que
chanteur dans le groupe Esperanto-Desperado, qui avait joué
quelques jours plutôt au sein du congrès), suivi
par le spectacle de mime de Flavie Audibert. Pol Denis, de son
côté, avait repris courage et renfilé son
costume de clown pour faire découvrir aux promeneurs du Parc
le personnage de Larry Danto (c'est le nom du clown). Entre-temps,
sur la scène, entre deux spectacles, la jeune danseuse
kazakh Elena Aleksejenko est venue nous présenter en
costume traditionnel une danse de son pays, qui fut très
appréciée du public. Ensuite, ce fut au tour du spectacle
de la troupe Demodocos qui venait nous présenter une
adaptation de la célèbre tragédie "Les
Perses" d'Eschyle : cette troupe de théâtre assez
unique en France, qui danse et chante en grec ancien, avec quelques
passages en français (mais tout de même scandé
sur le rythme de la versification traditionnelle grecque), ne
manqua pas de surprendre à premier abord les spectateurs,
qui très vite se laissèrent charmer par les sonorités
de la langue d'Homère. Après Demodocos, ce fut
au tour de Helena Melnikova de venir nous interpréter
des chants populaires russes en s'accompagnant elle-même à
la guitare. Puis, une seconde danse (dans un autre costume traditionnel
kazakh, différent du premier) de Elena Aleksejenko vint
clôturer officiellement le festival aux alentours de 20
heures, le samedi soir. Pour ce qui est des
stands, ils se mirent en place assez tardivement (vers 16 heures)
mais eurent leur effet escompté. Tout d'abord, nous devons
une fière chandelle à l'association locale "Alsace-Canada"
qui s'est chargée de la buvette (ainsi que de la restauration
des artistes et des organisateurs) sur toute la durée
du festival (je leur suis d'autant plus reconnaissant que, à
titre anecdotique, le président de l'association m'avait
offert une des ses paires de chaussures, ayant eu pitié de
l'unique paire de chaussures que j'avais emporté avec
moi à Strasbourg et qui m'avait servi pendant 3 semaines
à sillonner toutes les rues de Strasbourg, si bien qu'au
bout du compte elles étaient complètement entrouvertes
et me donnaient l'aspect d'un SDF). De ce fait, le samedi après-midi,
l'association Alsace-Canada installa à côté
de son camion-buvette l'exposition qui présentait leur
association. Il y eut également le stand d'information sur
l'espéranto (tenus par quelques volontaires du congrès)
et le stand de ventes de CD en espéranto (c'était
le stand de Flo, qui nous aida beaucoup pendant ce festival)
qui furent présents et le vendredi soir et le samedi
après-midi. Le samedi après-midi, aux environs de
16 heures, ce furent onc le stand maquillage pour enfants et
l'atelier calligraphie qui se mirent en route. Céline,
Gaël et Estelle s'occupèrent donc tout l'après-midi
de maquiller tous les enfants qui le souhaitaient, ce qui ne
manqua pas de donner une ambiance certaine au festival, avec
tous ces visages colorés. L'atelier calligraphie ne manqua
pas nous plus d'égayer le Parc : sur des exemples de
l'australienne Penny Vos, les spectateurs venaient accrocher des
mots dans leur langue et en belle écriture sur un des murs
de la Citadelle. Enfin, j'ai gardé le meilleur pour la
fin, dès le vendredi soir, en me promenant sur les lieux
du festival, je vis une exposition-photo ; je me dis : "Tiens
? Je ne me souviens pas que nous ayons programmé une exposition
photographique...", et m'approchant de l'exposition, je fis
la connaissance de Etienne Arondel. Celui-ci m'expliqua qu'il
avait vu nos affiche et qu'il était venu de lui-même
: je trouvait cette initiative formidable ! J'appris quelques
semaines après le festival, que ce même Etienne Arondel
était déjà passé à la télévision
pour présenter le principe de son association Pim Pam
Poom qui est, en quelque sorte, d'accomplir une espèce de
recensement de "portraits intemporels" en photographiant
toutes les personnes qui le souhaitent à l'intérieur
d'un cadre, avec un décor qui sera retouché à
l'ordinateur pour la photo finale. Etienne Arondel revint donc le
samedi après-midi (il n'était pas resté
longtemps le vendredi soir, car la nuit était vite tombée),
où il put photographier de nombreux visiteurs du festival.
En ce qui me concerne, cette journée du
samedi fut une journée très difficile (davantage
que la veille, je dirais même) : en plus des différents
pépins de la matinée, tout l'après-midi j'eus
le droit aux différentes remontrances des artistes (pas
tous, heureusement !), qui ne comprenaient pas pourquoi ils
ne jouaient plus qu'une fois au lieu de deux, qui refusaient
de jouer ailleurs que sur scène ou en même temps qu'un
autre groupe, etc. Ajoutez à cela les changements de
dernière minute avec les techniciens, et les problèmes
de matériel qui marche pas, qui manque (par exemple,
l'atelier de calligraphie eut tant de succès qu'ils furent
vite à court de papier) et qui tout simplement est inexistant
(certains présentateurs de langues avaient besoin de
lecteurs CD-cassette, que nous n'avions pas). Il fallut pour
cela beaucoup de patience et de diplomatie, autant dire que
ce ne fut pas facile. Mais, sur les coups de 17 heures, je pris
le temps de m'asseoir pour me reposer et regarder intégralement
la pièce de la troupe Démodocos (car j'apprécie
beaucoup les travaux de cette troupe dirigée par un de
mes anciens profs d'université). Et, alors que j'étais
assis, avec une pièce qui me captivait en face de moi, j'ai
détourné un instant mon regard pour effectuer
un coup d'oeil circulaire sur le Parc : et là, voyant
les nombreuses initiatives spontanées de certains spectateurs
(certains jonglaient, d'autres faisaient du vélo couché,
etc.), voyant les nombreux promeneurs strasbourgeois qui s'arrêtaient
là par hasard, voyant les visages maquillés de leurs
enfants ainsi que le mur de la Citadelle recouvert de messages en
toutes langues, entendant les spectateurs applaudir leur professeur
pour les cours de langues, je réalisais que ce projet de
festival, dont j'étais à l'origine et que j'avais
imaginé il y avait plus d'un an de cela, ce projet qui à
la base me semblait complètement fou et irréalisable,
....et bien ce projet s'était réalisé, et à
la mesure de tout ce que j'avais pu souhaiter et imaginer, et tout
cela grâce à quelques personnes, et notamment Philippe
Rieunau qui accomplit un travail titanesque pour l'organisation
de ce festival (il en était plus l'organisateur que moi,
tandis que moi, j'étais plutôt l'initiateur du projet
puis le coordinateur de toute cette laborieuse et longue organisation),
mais aussi et surtout grâce à l'espéranto
qui eut là, une fois de plus, l'occasion de prouver sa réelle
et concrète utilité internationale en nous proposant
un festival des plus multiculturels et multilinguistiques (37 langues
en tout purent être rencontrées au cours de ce festival
!) et ce par l'intermédiaire d'une seule langue qui nous
avait tous réunis là !!! Henrri De Sabates,
directeur du festival "Arts & Langues" (Strasbourg,
3 et 4 août 2001, Parc de la Citadelle)
|
Raporto pri la festivalo "Artoj
& Lingvoj" el vidpunkto de unu el la organizintoj
De la 29a de Julio gxis la 5a de Auxgusto 2001 okazis
en Strasburgo la 57a Internacia Junulara Kongreso, je kies fino
estis programita festivalo pri lingvoj kaj pri strataj artoj
malfermita al cxiuj, tiel bone al partoprenantoj de la Kongreso,
kiel al Strasburgaj kaj cxirkauxajxaj logxantoj... Tiu projekto
de festivalo estis jam komencita de pli ol unu jaro kaj duono,
sed nur de kelkaj semajnoj ties organizantoj pli multe aktivis
surloke. Do komence de Auxgusto, oni povis diri
ke cxiu Strasburga logxanto okaze auxdis paroli pri la festivalo
"Artoj k. Lingvoj" (organizita de iu asocio "JEFO"
kun la subteno de la urbo Strasburgo kaj de la provinca konsilio).
Kaj tiun bonan dissendadon de la informo ni sxuldas al nia afisxado,
kiu donigis al ni multajn gratulojn (multaj homoj diris al ni,
ke niaj belaj kvarkoloraj afisxoj flav-blu-rugx-verdaj estis
bone lokitaj kaj bone videblaj en la urbo), sed preskaux kauxzis
al ni timojn (kvankam ni provis maximume eviti la senpermesan
afisxadon kaj fari cxion "laux la reguloj", iuj el
niaj afisxoj ektrovigxis en lokoj normale malpermesitaj de la urbaj
instancoj...) Sed tiu afisxado postulis al ni laboron
: koncerne min, tri plenaj tagoj de marsxado tra Strasburgo
por proponi la afisxon al cxiuj komercistoj ; poste, de la komenco
de la Kongreso, skipeto trapasis tri noktojn traveturi la urbon
por pendigi afisxojn al cxiuj trafiklampoj kaj al cxiuj stratrandaj
arboj. Tauxgas cxi tie danki Bryan, juna usonano tiutempe en
Euxropa trairado, kiu sxargxis sin per tiuj pendigotaj afisxoj kaj
per prizorgo de la noktaj skipoj, kaj ankaux Kim, dana kantisto
de la grupo Esperanto-Desperado, kiu estas profesie afisxisto,
kaj kiu konsentis doni al ni valoran helpon, kvankam li ferias.
Nu, post informado de l'publiko necesis festivalon.
Kaj ankaux tie malfacilajxoj ne mankis. Unue, monaton antauxe,
kiam nia programo formigxis kaj nia antauxvida bugxeto ekantauxvideblis,
ni havis subitan "ondon" da masaj nuligoj de la artistoj,
kiuj ne plu povis veni devigante min refari la programon cxiun
tagon (kun la timo fine havi nenion la festivalan tagon). Mi
silentas pri diversaj aliaj lastminutaj turmentajxetoj kaj neantauxvideblajxoj
kutimaj por cxiuj organizadoj de tiaj okazajxoj (cxefe se temas
pri unua fojo !). Nia dua timo estis la vetero,
des pli ke la denelonga evento pri la Parko de Pourtalès
(ventego faligis 70-tunan arbon mortigante 12 homojn) povis
timigi nin pri lastminuta malpermeso de la urbestrejo. La festivalo
okazis la 3an k. 4an de Auxgusto 2001. Dum la tuta kongresa
semajno, de la 29a de Julio gxis la 3a de Auxgusto, kaj ankaux
dum la 2 antauxaj semajnoj, la vetero sur Strasburgo estis pli
ol suna kun nekredebla varmo (kiu sekvis acxan veteron komence
de Julio). La vendredon 3an de Auxgusto matene, kiam mi iris
je la 6a k. duono kun kelkaj bonvolemuloj en Citadelan Parkon por
helpi pri la muntado de la kamiona scenejo kaj de la tendoj, tiam
pluvis ! Ho, ne tro acxe, sed dum la tuta mateno ni estis kovrita
per griza cxielo, kiu donis al ni kelkajn mallongajn pluvetojn...
Dum la posttagmezo, preskaux neniu plibonigxo ; sed
cxar Pol Denis kaj mi devis fari stratajn spektaklojn en la
urbocentro (li en klauxno kaj mi en Arlekeno), kaj cxar la pluvo
sxajnis kvietigxi de unu aux du horoj, ni foriris cxirkaux la
16a-17a, jam kostumitaj en la veturilo cele povi ekludi plej
frue (imagu la vizagxon de la preterpasantoj vidantaj klauxnon kaj
arlekenon cxe la stirrado de auxto markita "Esperanto"...)
Sed, alveninte la urbocentron, tiam repluvis : tio devigis nin
atendi en la veturilo cxar niaj kostumoj, maskoj kaj sxminkoj
ne povis elteni la "pluvelprovon", malgraux la surloka
acxeto de mi de pluvumbrelo. Post duonhoro da atendo kun sencxesa
pluvo, ni decidis reiri al la Citadela Parko (kiu estas iom
ekster la urbocentro), kie jam estis iom da publiko kaj kovritaj
ejoj por ludi. Reveninte surloken iom antaux
la 18a, horo, je kioma estis komenconta la unua koncerto, mi
rimarkis, ke estis kelkaj problemetoj : la grupo "Kore"
jxus ekregulis sian sonon, kaj nia sonteknikisto Jean-Christian
Hackenschmidt (kiu ankaux indas je mulnombraj dankoj pro lia subteno
kaj helpo laux la dauxro de nia ambicia projekto) decidis, ke
la 4 aliaj grupoj ne rajtos fari siajn reguladojn, se oni ne
volas komenci la koncerton je la 22a anstataux la 18a (tiun
malfruon sxuldis la urbestrejo, kiu provizis al ni elektron
nur en la posttagmezo dum ni bezonus gxin ekde la mateno !)
Do, cirkaux je la 18a30, la unua koncerto komencigxis
kun Christophe Voltz kaj lia grupo "Mischung", loka
ne-Esperanta grupo, kiu kantas en la franca kaj la elzaca. Kaj
kun gxi surprize alvenis neatendita suno, kiun ni ankoraux neniam
vidis dum la tago ! Post ekludo de tiu grupo, la tuta vespero
disvolvigxis senprobleme. Post "Mischung", Philippe Rieunau
kaj mi (la du cxefaj organizantoj de la festivalo) elparolis
dulingvan akceptovorteton france-Esperante kiel malfermo de
la vespero kaj de la festivalo. Sekve alvenis
la pola "alternativa" rokgrupo "Krio de Morto",
kiu kantas en Esperanto kaj en la pola, kostumitaj kaj sminkitaj
en spektaklo, kiu aspektas preskaux kiel teatrajxo. Poste, estis
vico de alia loka grupo, Swan Dive, kiu cxefe kantas en la angla.
Poste estis la koncerto de la grupo "Kore" el Nantes,
kies produktado pri roko en Esperanto ekkonigxas el la Esperantlingvaj
medioj. Kaj fine, por tiu vendreda vespero, laste sed ne plej
malmulte, la nun fama "Solotronik", kies elektronika muziko
en Esperanto, la araba, la angla, la hispana, kaj ankaux en
Klingon kaj Vulkan (ambaux lingvoj de famega televidserio "Star
Trek") transpasis la limon de la Esperantaj medioj en gxia
lando, donigante al gxi artikolojn en grandaj naciaj tagaj gazetoj
kiel "El Mundo" aux "Diaro 16".
Post tiu muzikplena vespero, estis horo malmunti la sonan materialon
kaj enlitigxi en la junulgastejo antaux morgauxo ne malpli movplena...
Efektive, kiel min jam anoncis, la morgauxo havis sian
kvanton da neantauxvideblajxetoj. Tamen la tago bone komencigxis
kun vekigxo cxirkaux la 8a-9a, kun sxajne bela cxielo. Mi pretigis
min foriri por nova provo de spektaklo kun Pol Denis en la urbocentro,
kie ni estis programitaj ekde la 10a. La cxielo estis tiel bela,
ke mi hezitis dum momento kunporti mian umbrelon hieraux acxetitan.
Je la 10a ankaux, en Citadela Parko, aliaj spektakloj
estis hortabeligitaj. Antaux foriri el la gastejo, mi zorge
rediris al la respondeculoj de tiuj spektakloj iri al la Parkon
je la horoj indikataj cxe la programo. Sed, unua neatendajxo,
je kvin antaux la 10a proksimume, oni anoncis al mi, ke mi devas
akompani la respondeculinon de la kaligrafia ateliero en vendejon,
cxar sxi ne ankoraux havis tempon acxeti la materialon de sxi
bezonatan. Ni do foriris por vendejumi en bazarego
ege for de Strasburgo, kun multaj homoj cxe la kasoj... Kaj
kiam ni eliras el la magazeno jam je la 11a, tiam pluvegas.
Oni vokis min per posxtelefono plurfoje de la festivalejo por
diri al mi, ke estas nur 3 spektantoj sub umbrelo, ke estas neniu
festivalrespondeculo surloke, kaj ke la sonteknikistoj ne scias,
cxu ili devas aux ne nuligi la spektaklojn pro la riveregeca
pluvo. Malfelicxe, ni ne povis urgxe reiri, cxar ni ne trovis
cxion en la bazarego kaj ankoraux ceteris al ni acxeti plurajn
aferojn en la urbocentro (Notu bone : urbocentro egalas malbona
cirkulplano por veturiloj kaj seriaj trafikproblemoj.)
Fine ni nur alvenis je la 13a (!) en Parkon, kie mi trovas
"dezerton" kun grandaj flakoj, kiuj malebligis la
aliron al la tendoj de la lingvokursoj. Nura vivsigno : kelkaj
jxonglistoj kaj jxonglistinoj, kiuj okupis la scenejon, kiu
ne plu estis uzata. Mi tuj trafiris la 2 sonteknikistojn : ni
faris finsumon de la mateno kaj lastminute resxangxis la programon
de la sabata posttagmezo (cxiu grupo rajtis dufoje ludi tiun
tagon : ili nur ludos po unu fojo kaj cxiuj spektakloj okazos
inter la 15a kaj la 19a.) La vetero iom plibeligxis
(grizacxa cxielo, sed ne plu pluvis) kaj gxi fakte restis tiel
gxis la vespero. Tiun sabaton la festivalo haltis matene (pro
pluvo) malmulte post sia komencigxo. La "masxino" nur
ekfunkciis je la 14a kun la lingvofestivalo, kiu sinsekvigis
cxiujn aliajn spektaklojn dum la posttagmezo.
Pri la lingvofestivalo tauxgas precizigi du aux tri aferojn : la
organizo pri tiu tuta lingva festivalparto nur komencigxis vere
kelkajn tagojn antauxe (tiel estas : cxiuj "lingvinstruistoj"
kaj la tradukistoj de Esperanto al la franca estis trovitaj
surloke el la kongrespartoprenantoj.) Kaj malgraux tiu mallonga
dauxro, tiun organizon majstre prizorgis Frederik (el Danio),
Sonia (el Serbio) kaj Danil (el Cxuvasxio), kiuj indas je grandaj
gratuloj. En nura posttagmezo ili sukcesis proponi cxirkaux 30
diversajn lingvojn el la tuta mondo. Plejofte denaska parolanto
de iu lingvo instruis la bazojn de la lingvo kaj prezentis la
kulturon ligitan al gxi, poste interpretisto tradukis de Esperanto
al la franca por la ne-Esperantaj spektantoj.
Cxefe ili reekfunkciigis la "masxinon", kaj tiu lingvoparto
sxajne havis certan sukceson cxe la publiko. Mi mem ne havis
tempon partopreni unu el tiuj lingvokursoj (kvankam mi arde
deziris tion), sed, kiam mi preterpasis unu el la tendoj, mi
ofte auxdis la spektantojn lernantojn aplauxdi la instruiston
fine de la kurso ! Koncerne min tiun sabaton mi
definitive devis rezigni pri mia arlekena stratoteatrajxo, tiom
multaj estis la taskoj de organizo kaj de rilato kun la teknikistoj
kaj la artistoj (pro la matenaj veteraj neatendajxoj, kiuj sxangxigis
cxion.) Do, post kiam la lingvofestivalo relancxis la procezon
kaj, post kiam la spektantoj ekalvenis (la cxefa maso de la
kongrespartoprenantoj alvenis cxirkaux la 14a), cxio okazis preskaux
kiel ni deziris. La spektakloj komencigxis per
la auxstrala grupo Penny kaj Jon el "Velado", kiuj
kantis al ni kelkajn kvietajn kantojn en la angla kaj en Esperanto.
Samtempe Hans-Peter Bartos prezentis al ni en alia loko de la
Parko internaciajn dancojn, kiujn li pretigis kun kelkaj aliaj
kongrespartoprenantoj. Sur la scenejo la serba grupo "A Priori"
sekvis "Velado" tiufoje kun "World Music".
Dum "A Priori" okupis la scenejon, oni povis vidi
en diversaj aliaj lokoj de la Parko plurajn spektaklojn disvolvigxi
samtempe : unuflanke tradiciaj serbaj kantoj kaj dancoj de la
folklora grupo "KUD Mladost", aliflanke la ridiga dancospektaklo
de la dana Kim J. Henriksen (kiun oni kutime retrovas sursceneje
kiel kantiston en la grupo Esperanto-Desperado, kiu ludis kelkajn
tagojn antauxe en la kongreso mem), sekvita de la mimspektaklo
de Flavie Audibert. Pol Denis siaflanke rekuragxigxis kaj resurmetis
sian klauxnan kostumon por malkovrigi al la promenantoj de la
Parko la rolulon Larry Danto (estas la nomo de la klauxno).
Intertempe sursceneje inter du spektakloj la juna kazakha
dancistino Elena Aleksejenko venis prezenti al ni en popolkostumo
dancon el sia lando, kiu ege placxis al la publiko. Poste la
treatrotrupo Démodocos [Demodokos] prezentis al ni adapton
de la fama teatrajxo "La Persoj" de Eschyle [esxil]
: tiu trupo unika en Francio, kiu kantas kaj dancas en la malnovgreka
kun enmetajxoj en la franca (tamen skanditaj laux la ritmo de
la tradicia greka versarangxo), unuavide surprizigis la spektantojn,
kiuj ege rapide cxarmigxis pri la sono de la Homera lingvo.
Post Démodocos, Helena Melnikova kantis rusajn popolajn
kantojn akompanante sin per gitaro. Fine dua danco (en alia
tradicia popolkostumo malsama de la unua) de Elena Aleksejenko
oficiale finis la festivalon proksimume je la 20a, sabaton vespere.
Koncerne la budojn, ili instaligxis suficxe malfrue
(cxirkaux la 16a) sed havis sian atenditan efekton. Unue ni
devas multe danki la lokan asocion "Alsace-Canada",
kiu prizorgis la trinkbudon (kaj ankaux la mangxadon de la artistoj
kaj de la organizantoj) dum la tuta dauxro de la festivalo (mi
estas des pli dankema al tiu asocio, ke, por la anekdoto, gxia prezidanto
ofertis al mi unu el siaj paroj de sxuoj kompatante min pro mia
nura sxuparo, kiun mi kunportis en Strasburgo kaj, kiu servis
al mi tramarsxi la Strasburgajn stratojn dum 3 semajnoj tiel,
ke ili estis komplete malkudritaj kaj donis al mi aspekton de
trampo.) Tiuokaze la asocio Alsace-Canada instalis flanke de
sia kamiona trinkbudo ekspozicion, kiu prezentis la asocion.
Ankaux estis la informbudo pri Esperanto (tenata de kelkaj kongresaj
bonvolemuloj) kaj la vendobudo pri Esperantaj kodiskoj (estis
la budo de Flo, kiu multe helpis nin dum tiu festivalo), kiuj
cxeestis kaj vendredon vespere, kaj sabaton posttagmeze.
Sabaton posttagmeze, cxirkaux la 16a, ankaux la sxminkbudo
por infanoj kaj la kaligrafibudo ekfunkciis. Céline,
Gaël kaj Estelle okupigxis dum la tuta posttagmezo sxminki
cxiujn infanojn, kiuj tion deziris, kio donis al la festivalo
certan etoson kun cxiuj tiuj buntaj vizagxoj. Ankaux la kaligrafia
ateliero gajigis la Parkon : laux ekzemploj de la auxtralino
Penny Vos, spektantoj pendigis vortojn en sia lingvo kaj en bela
skribmaniero al unu el la Citadelaj muroj. Fine, mi konservis la
plej bonan por la fino : la vendredan vesperon promenante en
la festivalejo mi vidis fotekspozicion. Mi diris al mi : "Nu
? mi ne memoras, ke ni programis fotekspozicion..." Proksimigxante
al gxi, mi ekkonis Etienne Arondel. Li klarigis al mi, ke li
vidis niajn afisxojn kaj memstare decidis veni. Mi trovis tiun
iniciaton bonega ! Kelkajn semajnojn post la festivalo mi eksciis,
ke tiu sama Etienne Arondel jam pasis en televido por prezenti la
principon de sia asocio Pim Pam Poom, kiu estas fari ian aron de
netempecaj portretoj fotante en pentrajxa kadro cxiujn homojn,
kiuj tion deziris, kun ornamajxo aldonota per komputilo por
la fina foto. Etienne Arondel do revenis sabaton posttagmeze
(li ne longe restis la hierauxon, cxar nokto rapide venis),
kiam li povis foti multnombrajn festivalajn vizitantojn.
Koncerne min, tiu sabata tago estis tre malfacila (pli multe
ol la hierauxo, mi ecx dirus) : krom la diversaj matenaj neantauxvideblajxetoj,
dum la tuta posttagmezo mi ricevis la diversajn riprocxojn de la
artistoj (ne de cxiuj, felicxe !), kiuj ne komprenis, kial ili
nur ludis po unu fojo anstataux du, kiuj rifuzis ludi ie alie
ol la scenejo aux samtempe kun alia grupo, ktp. Aldonendas al
tio la lastminutaj sxangxoj kun la teknikistoj, la problemoj
pri materialo, kiu ne funkciis aux mankis (ekzemple la kaligrafia
budo tiom sukcesis, ke la papero estis rapide elcxerpita), aux
ne estis antauxvidita (iuj lingvoprezentantoj bezonis kodiskokasedolegilojn,
kiujn ni ne havis). Necesis por tio multe da eltenemo kaj diplomatio,
do dirindas, ke ne estis facile. Sed, cirkaux la
17a, mi prenis tempon sidi por ripozi kaj entute spekti la teatrajxon
de la trupo Démodocos (cxar mi multe sxatas la laboron de
tiu trupo estrata de unu el miaj universitataj eksprofesoroj.)
Kaj, dum mi sidis kun teatrajxo, kiu regalis min, antaux mi,
mi momente preterrigardis por fari cxirkauxvidon sur la Parko
: tie, vidante spontanajn iniciatojn de iuj spektantoj (iuj
jxonglis, aliaj kusxbiciklis, ktp.), vidante la multnombrajn
Strasburgajn promenantojn, kiuj hazarde haltis tie, vidante la
sxminkitajn vizagxojn de iliaj infanoj kaj ankaux la Citadelan muron
kovritan per cxiulingvaj mesagxoj, auxdante la spektantojn aplauxdi
siajn instruistojn en la lingvokursoj, mi ekkonsciis, ke tiu
projekto de festivalo, kies origino estas mia, kiun mi imagis
pli ol unu jaro antauxe, kiu sxajnis al mi tute freneza kaj
nerealigebla... Tiu projekto ja realigxis laux la mezuro de
cxio, kion mi povis imagi kaj deziri, cxio cxi danke al iuj
personoj, el tiuj Philippe Rieunau, kiu faris egan laboron por
la organizo de tiu festivalo (li estas pli ol mi organizanto de
gxi, dum mi prefere estis nur iniciatinto de la projekto, kaj
sekve kunordiganto de tiu tuta longa kaj laborplena organizo,
sed ankaux danke al Esperanto, kiu havis ankoraux okazon pruvi
sian realan kaj konkretan utilon internacian ebligante nin proponi
plej plurkulturan kaj plej plurlingvan festivalon (37 lingvojn
entute oni povis renkonti laux la dauxro de tiu festivalo !), nur
pere de nura lingvo, kiu kunigis nin cxiujn tie !!! Henrri
De Sabates, direktoro de la festivalo "Artoj & Lingvoj"
(Strasburgo, 3-a kaj 4-a de aûgusto 2001, Parko de
la Citadelle) [tradukis esperanten Jean Lazert]
|